Pensez comme un historien : La bataille de la crête de Vimy en lettres
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PENSEZ COMME UN HISTORIEN : LA BATAILLE DE LA CRÊTE DE VIMY
VIMY EN LETTRES : FEUILLES DE TRAVAIL
Progression du 29 e Bataillon d’infanterie dans le « No Man’s Land » à travers les fils barbelés et sous un tir nourri pendant la bataille de la crête de Vimy (avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/W.I. Castle/PA-001020).
Les lettres personnelles nous offrent une fenêtre unique sur le passé. Elles nous laissent regarder sous la surface de la vie d’une autre personne et comprendre l’histoire d’une nouvelle perspective. Les lettres des soldats qui ont combattus à la bataille de la crête de Vimy peuvent nous fournir une compréhension plus profonde des détails de la guerre tout en révélant leurs perspectives personnelles. Le langage utilisé dans une lettre peut nous offrir un aperçu des pensées, sentiments, croyances et valeurs de l’auteur. Nous devons cependant nous souvenir que le récipiendaire de la lettre est toujours dans l’esprit de l’auteur. Ainsi, une lettre fait partie d’une conversation entre l’auteur et le destinataire.
Les observations des soldats sont cruciales à notre compréhension de l’expérience canadienne à Vimy. À partir d’elles, nous pouvons créer une vision plus large du passé. Ces feuilles de travail accompagnent la vidéo Pensez comme un historien : Vimy en lettres (Olivar Asselin) , qui explore une lettre écrite par Olivar Asselin à son fils, Jean Asselin. Afin de souligner le centenaire de la bataille de la crête de Vimy et d’aider les éducateurs et les élèves à analyser les sources primaires de façon critique, Historica Canada a créé la série de vidéos et de feuilles de travail Pensez comme un historien . La série Pensez comme un historien a été produite avec le généreux soutien du gouvernement du Canada. Historica Canada est le plus grand organisme du pays dédié à l’augmentation de la connaissance de l’histoire et de la citoyenneté canadiennes.
Un moment de solitude (avec la permission du Musée canadien de la guerre/Collection d’archives George-Metcalf/MCG 19920044-393).
QUESTION DIRECTRICE : Qu’est-ce que cette source révèle au sujet de la bataille de la crête de Vimy? Il existe cinq étapes pour l’analyse de sources primaires : 1. Les 5 questions de base 2. Contexte 3. Exploration
4. Tirer des conclusions 5. Trouver des preuves
NOTE POUR LES ÉDUCATEURS : Pour réaliser les activités, les élèves pourraient vouloir regarder les vidéos plus d’une fois. Ajouter les sous-titres peut aider les apprenants d’une langue seconde à comprendre la vidéo. Regardez-la avec toute la classe au moins deux fois avant de commencer les feuilles de travail. Travaillez en suivant les étapes ci-dessus, en arrêtant et relançant la vidéo au besoin.
Une lettre du pays (avec la permission du Musée canadien de la guerre/Collection d’archives George Metcalf/MCG 19920044-070).
Avec le soutien de
1.
Un projet de
LES 5 QUESTIONS DE BASE
La première étape de l’analyse est de remettre en question la source primaire. En travaillant en paires, répondez aux questions suivantes après avoir regardé la vidéo Vimy en lettres .
QUI? Qui a écrit la lettre?
QUAND? Quand la lettre a-t-elle été écrite?
OÙ? Où la lettre a-t-elle été écrite?
QUOI? Quelle information la lettre partage-t elle?
POURQUOI? Pourquoi croyez-vous que la lettre a été écrite?
PROLONGEMENT : Y a-t-il des manques dans vos réponses? Où pourriez-vous trouver plus de renseignements?
2.
CONTEXTE
Le contexte nous aide à situer une source primaire dans l’espace et le temps — en plaçant une preuve dans le cadre plus large de l’histoire. Afin d’analyser la lettre d’Olivar Asselin comme une preuve du passé, il est important d’effectuer plus de recherche pour découvrir les événements qui se produisaient en même temps que la lettre soit écrite.
Né en 1874, Olivar Asselin était un journaliste francophone célèbre, un politicien, un philanthrope et un intellectuel public sur les sujets de la religion, la langue, l’éducation et la culture. Avant la guerre, il a élevé sa famille de quatre garçons avec sa femme, bien que le plus vieux soit mort en 1915. En 1903, il a aidé à fonder la Ligue Nationaliste Canadienne et, avec Henri Bourassa, a fondé le journal Le Nationaliste et y a travaillé comme rédacteur. Il a aussi cofondé Le Devoir avec Bourassa jusqu’à ce qu’une division politique les sépare. Il s’est enrôlé au sein du 163 e Bataillon en décembre 1915 et a servi comme recruteur et soldat durant la guerre, et a même pris part au combat à Vimy avec le 22 e Bataillon. Il est retourné vivre à Montréal après la guerre, où il a repris sa carrière de journalisme et d’écriture. Il a travaillé comme rédacteur du journal Le Canada de 1930 à 1934. De plus, il est impliqué au sein de plusieurs sociétés et a défendu plusieurs causes publiques comme les hôpitaux et la réduction de la pauvreté. Il est mort en 1937 à l’âge de 62 ans. Pour plus de renseignements, lisez l’article Olivar Asselin sur L’Encyclopédie canadienne .
Commandant Olivar Asselin, 163 e batallion canadien-francais, 1915 (avec la permission d’Archives de la Ville de Montréal/Fonds 104, Série 4, Dossier 1, Pièce 16).
⊲⊲ Lisez l’article Les « Van Doos » et la Grande Guerre sur L’Encyclopédie canadienne . Prenez des notes sur votre recherche. ⊲⊲ Individuellement, prenez des notes pour répondre à la question « Pourquoi le 22 e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien est il historiquement pertinent? » ⊲⊲ Discutez de vos trouvailles avec un partenaire puis avec toute la classe. PROLONGEMENT : Approfondissez votre recherche en lisant l’article Olivar Asselin sur L’Encyclopédie canadienne et le Dictionnaire biographique du Canada . En utilisant votre recherche et les critères de pertinence historique, écrivez une courte réponse à la question « Pourquoi Olivar Asselin est-il une personne historiquement pertinente? »
22 e Bataillon se reposant dans un cratère d’obus en se rendant sur les lignes du front, septembre 1917 (avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-002045).
PERTINENCE HISTORIQUE : Les personnes et les événements du passé ont une pertinence historique s’ils ont créé un changement qui a affecté plusieurs personnes au fil du temps , ou s’ils ont révélé quelque chose au sujet des questions plus larges dans l’histoire ou le temps présent. Pour plus d’informations sur les concepts de la pensée historique, visitez histoirereperes.ca .
3.
EXPLORATION Analyser les détails d’une lettre peut révéler de l’information importante. La lettre d’un père écrite à son fils peut nous fournir plusieurs détails sur la guerre, mais peut aussi nous révéler ses expériences personnelles du combat. L’exploration des sources primaires mène souvent à d’autres questions, puisqu’une seule source primaire peut ne pas répondre à toutes les questions que nous lui posons.
ACTIVITÉ ÉTUDIANTE :
1. Lisez la lettre d’Olivar Asselin dans la section Sources primaires du site pensezcommeunhistorien.ca. 2. Surlignez ou soulignez les mots ou phrases que vous ne connaissez pas. 3. Travaillez avec la classe pour créer une feuille de vocabulaire et créer un « dictionnaire de classe » pour les définitions des mots avec lesquels vous n’êtes pas familiarisés. 4. Quelles questions cette lettre fait-elle naître? 5. Que demanderiez-vous à Olivar Asselin si vous pouviez lui parler?
Lettre d’Olivar Asselin à Jean Asselin, 28 mars 1917 (avec la permission d’Archives de la Ville de Montréal/P104-1).
Devant de l’enveloppe qui contenait la lettre envoyée par Olivar Asselin à son fils, Jean Asselin, 1917 (avec la permission d’Archives de la Ville de Montréal/P104-1).
Olivar Asselin sur la galerie du presbytère de Chien-Blanc (devenue Saint-Georges-de-Malbaie) en Gaspésie, 1906 (avec la permission d’Archives de la Ville de Montréal/104, Série 4, Dossier 1, Pièce 17).
4.
TIRER DES CONCLUSIONS Alors que vous amassez de l’information au sujet d’une source primaire, commencez à développer une interprétation basée sur ce que vous pouvez déduire de vos observations. Réfléchissez aux questions suivantes lorsque vous tirez vos conclusions : ⊲⊲ Qu’est-ce que cette source peut révéler au sujet de la bataille de la crête de Vimy? ⊲⊲ Qu’est-ce que cette lettre nous révèle au sujet de l’expérience d’un soldat lors de la bataille de la crête de Vimy? ACTIVITÉ ÉTUDIANTE : 1. Individuellement, faites une liste de cinq conclusions que vous avez tirées en vous fiant à votre analyse. 2. En travaillant en paires, partagez vos résultats avec votre partenaire. Comparez vos conclusions respectives. À deux, répondez par oui ou non à la question suivante : Cette lettre représente-t-elle l’expérience courante d’un soldat lors de la bataille de la crête de Vimy? 3. Regroupez-vous avec toute la classe et passez la question au vote. Soyez prêt à défendre votre décision!
Bureau improvisé (avec la permission du Musée canadien de la guerre/Collection d’archives George-Metcalf/MCG 19920044-504).
En route pour Blighty. Des soldats disent au revoir à des camarades blessés qui quittent un poste d’évacuation sanitaire (avec la permission du Musée canadien de la guerre/Collection d’archives George-Metcalf/MCG 19920044-819).
5.
TROUVER DES PREUVES
Avant de tirer une conclusion définitive au sujet de l’expérience des soldats lors de la bataille de la crête de Vimy, nous devons vérifier nos conclusions à propos de la lettre d’Olivar Asselin en les comparant avec d’autres sources. ⊲⊲ Comparez la lettre d’Olivar Asselin avec l’article Bataille de la crête de Vimy sur L’Encyclopédie canadienne . ⊲⊲ Créez un tableau en T. D’un côté, faites une liste des conclusions que vous avez tirées au sujet de l’expérience d’Olivar Asselin. De l’autre côté, créez une liste de faits extraits de l’article qui soutiennent vos conclusions. Ces dernières peuvent-elles être vérifiées?
Les gars de Byng (les « Byng Boys ») revenant de la crête de Vimy (avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-001451).
LETTRE D’OLIVAR ASSELIN - CONCLUSIONS
LA BATAILLE DE LA CRÊTE DE VIMY - VÉRIFICATION
⊲⊲ Écrivez un résumé d’une demi-page qui évalue les bénéfices et les défis du travail avec des lettres personnelles comme sources primaires. ⊲⊲ En utilisant des exemples pris de l’article Bataille de la crête de Vimy , écrivez une réflexion d’une demi-page qui explique si vous avez été capable de confirmer vos conclusions tirées de la lettre d’Olivar Asselin. ⊲⊲ Discutez de vos conclusions avec la classe. ALTERNATIVE : Créez un tableau en T énumérant les bénéfices et les limitations de travailler avec les lettres comme sources primaires.
6.
TROUVER DES PREUVES (suite)
PROLONGEMENT : Comparez la lettre d’Olivar Asselin avec celle d’un autre soldat lors de la bataille de la crête de Vimy (voir ci-dessous). Qu’y a-t-il de similaire entre ces lettres? Qu’y a-t-il de différent? Que cela peut-il nous révéler quant à savoir si l’expérience d’Olivar Asselin était typique de l’expérience des soldats durant la guerre?
Francis Bathe Francis Bathe est né en Angleterre en 1895, mais a déménagé à Oshawa, en Ontario, lorsqu’il était enfant. En mars 1916, à l’âge de 20 ans, Bathe s’est enrôlé au sein du Corps expéditionnaire canadien. Il s’est embarqué pour Angleterre en navire en juillet 1916, où il a commencé son entraînement. En février 1917, il a commencé le combat en France au sein du 116 e Bataillon. Francis Bathe était l’un de près de 100 000 Canadiens qui ont participé à la bataille de la crête de Vimy, et l’un de plus de 7 000 soldats blessés durant la bataille. Bien qu’il ait souffert d’une blessure au cou, Bathe s’en est rapidement remis. Il est retourné au Canada en 1919 et s’est marié. Après la guerre, Francis Bathe a mis sur pieds une entreprise de matériaux de construction à Oshawa, en Ontario, qui demeure à ce jour dans la famille de Bathe, quatre générations plus tard. Pour plus d’informations, visitez le www.leprojetmemoire.com/ histoires/3152:/.
Portrait de Francis Bathe en uniforme (avec la permission de la famille Bathe/ Le Projet Mémoire/Historica Canada).
Francis Bathe à sa sœur, Elizabeth May Spencer, à Brooklin, en Ontario, le 16 avril 1917 « J’imagine que tu seras un peu surprise d’entendre que je suis de retour en Grande-Bretagne, mais on ne peut naturellement jamais savoir quand un de ces obus décidera de nous frôler d’un peu trop près, surtout sur la crête de Vimy, où nous étions lundi dernier. Il y a seulement un peu plus d’une semaine que j’ai été frappé. Bien sûr, nous sommes chanceux d’avoir de si bons Britanniques. Beaucoup d’entre eux ont cédé ce jour-là, mais mon dieu, nous avons fait fuir Fritzy. 1 J’imagine que les journaux ont raconté toutes les nouvelles, et j’en suis venu à la conclusion qu’il est plus sécuritaire de les lire dans le Toronto Empire que d’être sur place, mais il n’y a pas eu de mauvais moment ce jour-là. Bien sûr, certains de nos hommes ont été tués, mais pas autant que ce à quoi on s’attendait, du moins je ne crois pas. »
1 Fritzy : Les soldats utilisent souvent de l’argot des tranchées pour décrire leurs expériences. Par exemple, « Fritzy » était un surnom donné aux Allemands par les soldats Alliés.
7.
TROUVER DES PREUVES (suite)
Jean Brillant Né le 15 mars 1890 à Assemetquagan (Routhierville), Québec, Brillant vivait à Rimouski au moment de s’enrôler dans la Première Guerre mondiale. Brillant était catholique et travaillait comme télégraphiste, tout en maintenant son statut au sein de la Milice active non permanente du 89 e Régiment. En 1916, il s’est enrôlé au sein du 189 e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien, avant de muter au 69 e , puis enfin au 22 e Bataillon, où il a finalement eu un service actif. Il s’est battu durant la bataille de la crête de Vimy en 1917, et a ensuite été hospitalisé à cause de la fièvre des tranchées. Il est retourné au front en 1918 où il a, en tant que chef de section durant la bataille d’Amiens, capturé 15 mitrailleuses et 150 prisonniers. Malgré qu’il fût blessé par un éclat d’obus ennemi, il a refusé d’abandonner ses confrères. Il est mort à l’âge de 28 ans et a reçu la Croix de Victoria à titre posthume. Il est l’un des deux seuls Canadiens français qui ont reçu cet honneur durant la Première Guerre mondiale.
Le lieutenant Jean Brillant qui a reçu la Croix de Victoria à titre posthume, juin 1918 (avec la permission du Ministère de la défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/C-009271).
Jean Brillant à M. l’abbé Joseph Raiche, Antigonish, 16 avril 1917 « [ … ] Je ne vous parlerai pas des horreurs de cette guerre, il y en a tant et tant qu’on finit un peu par s’y accoutumer. Et pourtant que de souffrances et de détresses, s’il était donné à l’esprit humain de calculer les souffrances physiques et morales de ces milliers de soldats, les angoisses des mères, des sœurs et des fiancées enfin tout ce que cette guerre a produit de détresses, on verrait une pyramide de douleurs s’élevant jusqu’au ciel et qui devrait apaiser Dieu. »
MODIFICATION : Examinez l’affiche de recrutement pour le 163 e Bataillon organisé par Olivar Asselin. Dressez une liste de mots clés, de détails et d’images que vous remarquez. Quel est, selon vous, le message que cette affiche désirait faire parvenir aux Canadiens? PROLONGEMENT : Comparez la lettre d’Olivar Asselin avec d’autres sources dans cette série, incluant des photographies et des journaux. Ces autres sources confirment-elles ou remettent-elles en question les déductions et les conclusions que vous avez tirées de cette lettre? Remarquez-vous des différences ou des divergences?
« Tous les vrais Poil-aux-pattes s’enrôlent au 163 e
C.-F. », 1915 (division des impressions et des photographies/ affiches de la Première Guerre mondiale/LC USZC4-12682).
RÉFLEXIONS FINALES Les communications ont changé drastiquement au cours des cent dernières années. Comment un soldat canadien communique-t-il avec sa famille et ses amis aujourd’hui? Comment cela peut-il être similaire à 1917? En quelles façons est-ce différent? Discutez-en avec toute la classe.
BILLETS DE SORTIE : 3-2-1
⊲⊲ Nommez trois nouvelles choses que vous avez apprises au sujet de la bataille de la crête de Vimy. ⊲⊲ Nommez deux nouvelles choses que vous avez apprises au sujet des sources primaires. ⊲⊲ Formulez une question que vous vous posez désormais.
8.
PENSEZ COMME UN HISTORIEN : LA BATAILLE DE LA CR Ê TE DE VIMY
SOURCES PRIMAIRES : VIMY EN LETTRES
MESSAGE AUX ENSEIGNANTS : Cette collection de sources primaires accompagne la série de vidéos et les feuilles de travail Pensez comme un historien . Découvrez la série entière au pensezcommeunhistorien.ca . Cette trousse accompagne la vidéo et les feuilles de travail Vimy en lettres (Olivar Asselin) . Elle comprend les retranscriptions complètes de deux lettres et les reproductions des lettres originales. Procurez-vous les feuilles de travail au education.historicacanada.ca/fr . Progression du 29 e Bataillon d’infanterie dans le « No Man’s Land » à travers les fils barbelés et sous un tir nourri pendant la bataille de la crête de Vimy (avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/W.I. Castle/PA-001020).
OLIVAR ASSELIN : Né en 1874, Olivar Asselin était un journaliste francophone célèbre, un politicien, un philanthrope et un intellectuel public sur les sujets de la religion, la langue, l’éducation et la culture. Avant la guerre, il a élevé sa famille de quatre garçons avec sa femme, bien que le plus vieux soit mort en 1915. En 1903, il a aidé à fonder la Ligue Nationaliste Canadienne et, avec Henri Bourassa, a fondé le journal Le Nationaliste et y a travaillé comme rédacteur. Il a aussi cofondé Le Devoir avec Bourassa jusqu’à ce qu’une division politique les sépare. Il s’est enrôlé au sein du 163 e Bataillon en décembre 1915 et a servi comme recruteur et soldat durant la guerre, et a même pris part au combat à Vimy avec le 22 e Bataillon. Il est retourné vivre à Montréal après la guerre, où il a repris sa carrière de journalisme et d’écriture. Il a travaillé comme rédacteur du journal Le Canada de 1930 à 1934. De plus, il est impliqué au sein de plusieurs sociétés et a défendu plusieurs causes publiques comme les hôpitaux et la réduction de la pauvreté. Il est mort en 1937 à l’âge de 62 ans.
Commandant Olivar Asselin, 163 e bataillon canadien-français, 1915 (avec la permission d’Archives de la Ville de Montréal/Fonds 104, Série 4, Dossier 1, Pièce 16).
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Au front, 30/4/17 Mon cher Jean, J’ai écrit hier à ta maman que j’essaierais bientôt de t’envoyer un casque ou un bonnet de soldat allemand. J’en ai un, mais il est avec moi dans les tranchées, et pour le moment il ne m’est pas facile de le mettre à la poste. En attendant, voici une épaulette d’officier ou de sous-officier du 63 e . Ce sera pour toi un joli souvenir car elle provient du grand champ de bataille où les Canadiens on fait dernièrement des choses si glorieuses. J’apprends par ta maman que tu es inquiet à mon sujet. Mon cher Jean, il arrive ce que Dieu veut. Je ne dis pas que je ne serai pas
tué, car la guerre est toujours dangereuse, et celle-ci en particulier, mais sois sûr que si je reste sur le champ de bataille, la Providence aura soin de mes chers petits garçons. Tu as une maman comme il n’y en a peut-être pas au monde, et, de même que grand-mère a trouvé dans son second mari un homme qui, non seulement l’a rendue heureuse, mais a été pour ses enfants un ami et protecteur, de même ta maman à toi trouvera tout de suite à me remplacer par un papa qui sera probablement meilleur pour vous que je ne le fus moi-même. Moi j’étais épris d’action, d’aventures, et j’ai parfois trop oublié ma famille. Si je retourne au Canada, je m’arrangerai pour être
2.
désormais tout à vous. Ta maman, vous et moi, nous serons tous ensemble comme un groupe d’amis. Le soir et le dimanche, nous sortirons ensemble. Nous jouerons aux cartes ensemble. Nous apprendrons ensemble l’allemand, l’espagnol. Je vous enseignerai l’anglais et je vous parlerai des pays que j’aurai visités, et de la guerre. Il y a maintenant plus de sept semaines, et il y aura le 8 mai deux mois, que se suis au 22 e . J’ai déjà eu ma part de fatigue et de péril, quoi que la plupart des autres officiers en aient fait dix fois plus. Je n’ai pas encore de mal. D’ici à cinq ou six semaines, je serai fréquemment dans le danger; aujourd’hui même, je t’écris du fond d’un petit trou creusé
à la hâte durant la nuit en face des lignes allemandes. Nous devions être relevés pour une couple de jours, mais l’ordre est venu d’attendre. Hier soir, les Allemands ont lancé tout autour de nous un grand nombre d’obus à gaz, mais grâce à nos masques, nous nous sommes bien tirés d’affaire. Le gaz a une senteur de fleur, un peu fade, mais pas désagréable. Quand on en a respiré un peu, cependant, on a des étourdissements et des nausées. Nous dormons avec notre masque sur la poitrine, pour le mettre à la première alerte. J’emporterai le mien avec moi au Canada — tu pourras l’essayer. Nous avons joué un bon tour aux Allemands. Ils avaient observé l’emplacement de la compagnie,
3.
et ils étaient en train d’exterminer notre compagnie avec des obus de 5,9 pouces qui, en éclatant, peuvent tuer vingt, trente, quarante humains. Nous avons déménagé dans les trous d’obus et, pendant la nuit, nous nous sommes terrés dans un petit fossé qu’ils n’ont pas encore découvert, à mi-chemin entre plusieurs routes. Ils bombardent la route et nous, dans notre petit fossé, nous sommes tranquilles en attendant d’aller les écraser dans quelques-uns des villages français qu’ils ont souillés de leur présence. Le soir, à la brunante, nous sortons pour nous dégourdir, aller chercher les rations, perfectionner notre cachette. Je crois qu’au bout de mes trois mois, je serai encore vivant. Je ne sais pas si je demanderai alors à rester au front ou si je retournerai en Angleterre ou au Canada. Ma santé est bonne, malgré
les nuits passées en plein air, couché sous la terre humide — mais je ne suis plus jeune! Quelque sort que l’avenir me réserve, mon cher Jean, votre pensée m’aura sauvé — et soutenu — à tous les instants de mon service au front. Continue à travailler, à t’instruire. Dis à tes frères de faire de même. Sois leur conseiller, surtout de Pierre, qui te respecte comme il ferait d’un petit papa. Soyez, tous trois, bons et attentifs pour votre mère et vos grand-mamans. Tu iras embrasser grand-mère Roy pour moi, sans toutefois lui dire que je suis en danger. Je vous embrasse tendrement, Papa
P.S. Vise toujours à être distingué : poli, réservé, obligeant, etc.
4.
Au front en France 28 mars 1917
Mon cher Jean, Je suis parti pour le front le 6 mars. J’y suis arrivé le 8. C’est aujourd’hui le 28. Il y a donc exactement 22 jours que j’ai quitté Shoreham. Depuis près d’une semaine avant cette date, je n’ai pas reçu une seule lettre du Canada : peux-tu m’expliquer cela? Ici, les plaisirs sont rares : à part la nouveauté de la guerre, le courrier est à peu près le seul délassement. Tout autour de moi, il y a les officiers qui reçoivent des lettres, des [illisible] — moi je n’ai plus de nouvelles de ma famille. Je ne sais si vous vous intéressez encore à moi mais je continue à vous écrire encore comme avant, au cas où cela vous ferait quelque plaisir.
La journée est finie : je viens d’allumer la bougie (tu observeras en passant qu’il y a une différence entre la bougie et la chandelle). Jusque là, j’avais travaillé à la lumière du jour. Le détail te laisse probablement indifférent; mais c’est que dans nos baraques, les carreaux des fenêtres ne sont pas en verre, mais en coton blanchi. Le coton, posé à l’extérieur des cadres, ne laisse pas passer la pluie. Bien tendu, il est presque aussi translucent (tu chercheras ce mot) que la vitre. Quand tu iras à la campagne, bâtis-toi une petite maison de planches, avec carreaux en coton, et tu m’en diras des nouvelles. Le bataillon est sorti des tranchées il y a quatre jours, après avoir eu, en six jours, quelques hommes blessés — le lendemain, il changeait de cantonnement, et deux heures après, à l’endroit qu’il venait de quitter, 80 hommes étaient tués ou blessés. Mais je t’assure que les hommes ne sont pas déprimés, loin de là. La nouvelle de l’évacuation de plus de 300 villes et villages français par les Allemands les a remplis de joie et ils sont bien décidés à continuer la poussée de toutes leurs forces.
… Comme je finis ma phrase, une grande joie
5.
m’arrive : dix lettres à la fois, dont l’une de ta maman, une de Paul, une de ta tante Huguenin. J’espère bien que toi aussi tu auras, ou plutôt tu prendras ton tour. Dans la dernière lettre que je t’écrivais (à Shoreham), je te demandais de m’envoyer les nouvelles susceptibles de m’intéresser. N’y manque pas, je t’en prie. Tu me feras un double plaisir puisque, tout en suivant grâce a toi les affaires canadiennes, je pourrai constater tes progrès en composition et, ce qui est plus important encore, en observation. Je veux voir quels sont les événements qui frappent le plus ton esprit; si la lecture, même intermittente, de la Presse et de la Patrie a poussé chez toi le sens de la mesure, quelle importance tu attaches à tel événement, et quelle à tel autre. À mes yeux, en effet, tu n’es plus un enfant, plus même un petit garçon, tu es un petit homme.
Pendant que je t’écris de la main droite, de la gauche je mange des dattes confites que je viens acheter au prix d’un franc 50 centimes soit, en monnaie canadienne au taux courant, quelque chose comme vingt-cinq sous. L’alimentation, dans l’armée, est un peu toujours la même; pour moi, très indigeste, surtout maintenant que nous manquons de pommes de terre. Deux fois depuis quelques jours je me suis payé le luxe d’une boite de dattes — avec des citrons (dont je n’ai que faire), le seul fruit visible dans ces régions.
Dis à ta maman que j’ai revendu au lieutenant [illisible] , le prix que je l’avais payée, une culotte d’équitation que je m’étais achetée en Angleterre pour la rechange # . L’été arrive, — bien qu’il fasse encore très froid — et bientôt je pourrai porter, au moins à l’arrière, mon uniforme de Toile des Bermudes. # et que j’avais portée deux mois.
Je ne sais maintenant quand je vous reverrai, mes chers petits enfants. Je n’en sais guère plus que vous sur les intentions de nos chefs, mais, dans le cours normal des choses, nous devrions passer bientôt — peut-être d’ici à deux ou trois semaines — à travers des événements d’où bien peu d’entre nous sortiront
6.
indemnes. Cela veut dire qu’au moment où tu recevras ma lettre, j’aurai peut-être été tué ou blessé. La Providence, malgré les misères qu’elle ne m’a pas ménagées, fut toujours bonne pour moi, ta chère maman peut te le dire; mais cette fois, ce sont vraiment les favorisés qui s’en tireront. Apprenez à vous passer de moi. Si je meurs, ne me regrettez pas : le monde est plein de braves gens qui seront pour vous d’aussi bons papas, je veux dire de meilleurs papas, que je ne le fus moi-même, enfin rendront probablement ta maman plus heureuse. Ah pourtant, comme je serais heureux de vous revoir!
Travaille fort, mon cher Jean, prend de la peine et sois bon pour ta mère. Embrasse-la pour moi, ainsi que tes petits frères, et crois à l’affection qui ne cessera de vous porter.
Ton papa, Olivar
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